En ouvrant “Nuits d’été à Brooklyn”, j’ai pensé que j’allais me retrouver en plein 4th of July, avec des feux d’artifices et des cupcakes aux glaçages impeccables. Il n’en fut rien : derrière la couverture, le rêve tombe à pic. En bas, c’est l’Amérique, la vraie, la divisée, avec son racisme ordinaire.
Ce roman raconte l’histoire d’Esther, jeune étudiante française qui part à New York pour faire un stage de journalisme. Elle y rencontre Frederick, brillant professeur de littérature, spécialiste de Flaubert. Il est marié, il a 41 ans, il vont avoir une aventure ensemble, rien d’étonnant jusque là, sauf que voilà : elle est juive, il est noir. Ils vont se retrouver au centre d’une guerre inter-raciale.
Nous sommes à Crown Heights, petit quartier de Brooklyn qui a cette particularité de mélanger des afro-américains et des juifs, principalement des Loubavitchs. En 1991, le quartier s’embrase suite à un accident dont sont victimes deux enfants afro-américains. La communauté juive est alors visée par de violentes émeutes, un étudiant juif sera assassiné.
Nul ne vit hors de son temps : ces émeutes n’ont rien à voir avec l’histoire d’amour de Esther et Frederick, et pourtant elles vont venir percuter leur histoire, malgré eux.
Colombe Schneck a réussi ce tour de force de faire tenir une histoire d’amour fine et élégante sur les zones de fracture de l’Amérique. Voilà qui a la beauté d’un numéro d’équilibriste !